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Les “poumons pop-corn” : mythe, réalité et confusion autour de la vape 

UNE EXPRESSION QUI INQUIÈTE

Depuis plusieurs années, le terme “poumons pop-corn” revient régulièrement dès qu’il est question de cigarette électronique. Cette expression, aussi frappante que déroutante, fait référence à une maladie pulmonaire rare appelée bronchiolite oblitérante. Le nom provient d’un scandale industriel survenu aux Etats-Unis dans les années 2000 : des employés d’une usine de pop-corn au micro-ondes avaient développé cette infection après avoir inhalé, quotidiennement et en fortes quantités, un arôme au diacétyle utilisé dans la fabrication.

Naturellement, ce lien a nourri des inquiétudes dès l’essor de la vape. Mais qu’en est-il réellement ? Les vapoteurs sont-ils exposés à ce risque ? 

D’OÙ VIENT LA CONFUSION ?

La bronchiolite oblitérante se caractérise par une inflammation sévère et permanente des bronchioles, rendant la respiration difficile et entraînant une diminution irréversible de la capacité pulmonaire. Le problème est qu’une partie de la presse a rapidement associé cette maladie à la cigarette électronique, souvent à la suite d’erreurs de compréhension ou de raccourcis.

L’origine de cette confusion : certaines études américaines avaient détecté des traces de diacétyle dans quelques e-liquides il y a plus de dix ans. Même si la quantités observée étaient de dizaines à centaines de fois inférieures à celles présentes dans la fumée de cigarette, l’association “diacétyle = poumon pop-corn” a suffi à créer un mythe particulièrement tenace. 

LE RÔLE DU DIACÉTYLE

Le diacétyle est une molécule aromatique utilisée dans l’industrie alimentaire depuis des décennies pour donner un goût beurré ou crémeux. Présente dans la fumée de cigarette en quantités très importantes, elle est inhalée quotidiennement par les fumeurs sans que cela ne provoque de cas de bronchiolite oblitérante chez eux.
Dans la vape, cette molécule a été progressivement retirée par les fabricants sérieux dès le milieu des années 2010. En Europe, la réglementation TPD impose des normes strictes sur les e-liquides, et le diacétyle est désormais systématiquement contrôlé. Aujourd’hui, la quasi-totalité des e-liquides vendus légalement n’en contient plus ou à des niveaux inférieurs à ceux naturellement présents dans certains aliments du quotidien. 

LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE EST-ELLE CONCERNÉE ?

A ce jour, aucun cas de “poumons pop-corn” n’a jamais été attribué à la cigarette électronique, malgré plus de quinze ans d’utilisation et des dizaines de millions d’utilisateurs dans le monde.

Les maladies associées au diacétyle sont liées à une exposition industrielle massive, en continu, sans protection, dans des environnements saturés de vapeurs chimiques. Rien de comparable avec l’usage d’une cigarette électronique réglementée. Les vapoteurs sont donc très loin des conditions qui avaient mené à la bronchiolite oblitérante dans les usines de pop-corn. 

POURQUOI LE TABAC EST PLUS CONCERNÉ QUE LA VAPE

Fait méconnu : la fumée de cigarette contient bien davantage de diacétyle que n’importe quel e-liquide, notamment ceux dépourvus d’arômes crémeux.

Pourtant, après plusieurs décennies d’observation, aucun lien n’a été établi entre la consommation de tabac et l’apparition de bronchiolite oblitérante. Cela démontre que la maladie nécessite un niveau d’exposition extrême, industriel, et non l’inhalation classique d’un produit du quotidien, ainsi nocif soit-il comme la cigarette. 

LE VRAI DANGER : LA DÉSINFORMATION

Si la vape n’est pas associée à la bronchiolite oblitérante, pourquoi ce mythe persiste-t-il ? Car il frappe l’imaginaire. Le terme “poumons pop-corn” est spectaculaire, visuel, et circule très facilement, surtout sur les réseaux sociaux.

Le problème, c’est que cette désinformation peut décourager certains fumeurs à tenter un sevrage via la cigarette électronique, pourtant l’un des outils les plus efficaces pour arrêter le tabac. En entretenant la confusion, on laisse croire que la vape pourrait provoquer des maladies graves que l’on n’a, en réalité, jamais observées chez les vapoteurs. 

CONCLUSION

Les “poumons pop-corn” ne sont pas un danger lié à la cigarette électronique. Cette expression, née d’un scandale industriel ancien, a été associée à tort à la vape. Aujourd’hui, les e-liquides vendus légalement ne contiennent plus de diacétyle, ou à des niveaux infimes, bien inférieurs à ceux que l’on retrouve dans la fumée de tabac. Aucun cas de bronchiolite oblitérante n’a été observé chez les vapoteurs, malgré des millions d’utilisateurs et plus d’une décennie de recul. La véritable menace reste la cigarette traditionnelle, responsable de cancers, de maladies cardiovasculaires et de millions de décès chaque année. Face au tabac, la cigarette électronique constitue une alternative beaucoup plus sûre, et certainement pas la cause de “poumons pop-corn”. 

Cet article n’a pas vocation à remplacer un avis médical. Il s’appuie sur les connaissances disponibles au moment de sa rédaction. Pour toute question liée à votre santé ou à votre sevrage tabagique, n’hésitez pas à solliciter l’accompagnement d’un professionnel de santé.

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